Certaines bonnes âmes qui se prétendent les seules gardiennes du temple de la démocratie républicaine donnent de la voix après les déclarations sur la sécurité de Nicolas Sarkozy.
Amalgame, stigmatisation, pêche aux voix du FN et enfin mise danger de l’unité de la Nation sont les critiques les plus entendues. Ce dernier point mérite d’être développé tant l’accusation est grave puisqu’elle touche au rôle premier d’un Président de la République inscrit dans la Constitution: garantir l’unité de la Nation.
Si je comprends bien, avant Nicolas Sarkozy, tout allait bien dans le meilleur des mondes, surtout ne rien faire et encore moins ne rien dire.
Et bien NON.
Que les associations telles que SOS Racisme, le MRAP ou La Ligue des Droits de l’Homme montent au créneau, rien de surprenant. Elles ont souvent préféré se préoccuper davantage des agresseurs plutôt que des victimes.
Que dire du PS et de la gauche. Drapés dans leur dignité outragée, ces thuriféraires de la bonne conscience et du politiquement correct n’ont toujours pas compris le mal être d’une grande partie de nos concitoyens par rapport à la sécurité et la délinquance. Le PS et la gauche devraient prendre garde, 2002 et les raisons de l’échec de Jospin ne sont pas loin
Viennent ensuite ceux qui ont la mémoire courte. Lorsque j’étais député je ne me souviens pas qu’en 1996, la modification de la loi sur la déchéance nationale pour ceux qui avaient acquis la nationalité française les ait traumatisés. Bayrou était ministre, de Villepin secrétaire de l’Elysées et Dupont-Aignan au RPR. Par leurs déclarations, je n’y vois donc aujourd’hui que règlement de compte et ou stratégie électorale, ce qui après tout, peut être logique.
Enfin ceux qui a juste titre ont la légitimité pour s’exprimer sur l’éventuelle anti- constitutionnalité de la loi. Mais comment peuvent-ils porter un jugement sans connaître le texte et le cadre de son application ? Cela me laisse pantois et de mettre en avant l’article I de la Constitution sur l’égalité des français devant la loi. Comment savent-ils que la future modification de la loi la remettra en cause ?
Faut-il leur rappeler que la loi du 22 juillet de 1996 a été déclarée constitutionnelle et notamment la 5° possibilité de déchéance (issue de l’ordonnance de 1945) : « S'il a été condamné en France ou à l'étranger pour un acte qualifié de crime par la loi française et ayant entraîné une condamnation à une peine d'au moins cinq années d'emprisonnement « . Cette disposition a été supprimée par le gouvernement de Lionel Jospin en 1998. Si par exemple elle était réintroduite, pourquoi ce qui était constitutionnel en 1996 ne le serait plus en 2010 ?
En parallèle, on accuse le chef de l’Etat de stigmatisation envers les immigrés ou les roms et de générer des « sous-français ». Au passage, le seul qui est utilisé ce terme fût Georges Frêche, membre du PS à l’époque, à propos des harkis. Il s’est simplement borné à rappeler que ces populations, si elles ont des droits spécifiques, ne sont pas au dessus des lois. Quand le président parle d’échec de notre intégration depuis 50 ans c’est de mon point de vue excessif tant les exemples contraires sont nombreux. Pour autant on ne peut nier non plus que c’est un grand succès.
La gauche, comme d’habitude angélique à souhait, ne veut rien entendre sur la politique de l’immigration et encore moins d’une quelconque liaison de la délinquance avec elle. Elle parle de manque de moyens dans l’éducation et la prévention oubliant que les budgets dans ces domaines ont été en constante augmentation sans grands résultats. Faute de courage ou par calcul politique, elle persiste dans son refus d’aborder sans tabou un vrai débat qui touche aux valeurs de la République et aux devoirs en son sein, au respect d’autrui et de la loi, au goût de l’effort individuel au profit du collectif. La parole de John Kennedy reste pour moi la référence : « Plutôt que de demander ce que ton pays peut faire pour toi, penses à ce que tu peux faire pour ton pays ». Et que dire de sa politique de la famille qui a favorisé la mono parentalité source de bien des problèmes sociaux et éducatifs ou de ses résultats en termes de lutte contre l’insécurité.
La droite voudrait se persuader que l’immigration mal maîtrisée est la responsable principale de la délinquance. C’est oublier un peu vite les ghettos créés par un urbanisme utopiste des années 70, encouragé, il faut malheureusement l’admettre, par des municipalités de gauche peu scrupuleuses à partir du moment où elles y trouvaient un électorat acquis. C’est oublier aussi qu’elle a été au pouvoir durant de longues périodes sans améliorer sensiblement la situation et qu’en terme d’éducation, de formation professionnelle et de promotion du civisme elle n’a guère été meilleure que la gauche faute de vouloir, en son temps, bousculer les conservatismes et les immobilismes. Cela je l’ai vécu. C’est vouloir faire oublier enfin que la crise sociale et le chômage issus de la crise économique sont encore présents et aggravent la situation.
Le chef de l’Etat bouscule les habitudes, le politiquement correct, parfois maladroitement il faut le reconnaître. Les actes ne semblent pas suivre les paroles car, si on peut se féliciter de la rigueur législative puis administrative française, on oublie sa lourdeur et donc sa lenteur pour l’application effective des décisions. Combien de fois ai-je pesté soit comme maire soit comme député sur ces lenteurs.
Aujourd’hui, à ceux qui l’accusent de vouloir briser l’unité nationale, simplement à cause de ses paroles lyonnaises, je leur dis que cette cassure existe depuis bien longtemps et qu’ils y ont contribué car c’est une cassure sociétale et non pas institutionnelle :
-cassure pour certains jeunes avec les valeurs de la République et ce que cela implique
- cassure au sein du système éducatif où 15% des élèves entrant en 6ème ne maîtrisent pas les fondamentaux éducatifs : lire, écrire, compter
- cassure avec la valeur travail au profit de la société de loisirs
- cassure par le refus des corporatismes de voir le monde évoluer et d’en tirer les conséquences
- cassure entre les salariés du public et du privé
- cassure entre les revenus du capital et du travail et en ce domaine gauche comme droite y ont pris leur part
- cassure intergénérationnelle avec un endettement et des déficits qui croissent depuis 30 ans
-cassure avec un monde politique de tout temps cumulard et pas toujours rigoureux dans ses fonctions.
C’est pour beaucoup d’entre-elles, le résultat de 14 ans de mitterrandisme, de 12 ans d’immobilisme chiraquien et d’un système français qui s’est reposé sur les lauriers des 30 glorieuses sans voir le monde évoluer. Nicolas Sarkozy a bon dos. Probablement qu’il l’a cherché aussi en revendiquant son omniprésence. En cristallisant ses critiques sur la politique sécuritaire de Sarkozy, la gauche cherche à faire oublier la sienne mais aussi ses propres turpitudes et l’absence d’un programme alternatif crédible. Et puis les primaires approchent, c’est donc l’heure de la surenchère entre les postulants.
Pourtant, un peu d’objectivité de ses opposants sur l’évolution de la situation politique de la France durant ces 30 dernières années seraient preuve de responsabilité et de leur capacité à gouverner demain. On en est encore loin hélas.