On connaît le tempérament de Nicolas Sarkozy. Ses prédécesseurs se voulaient être au dessus de la mêlée, avec une certaine hypocrisie d’ailleurs. Lui veut être dans la mêlée, c’est sa forme de rupture dans l’exercice de la fonction présidentielle. Il prend des coups, il donne des coups et il aime ça.
Pourtant dans une mêlée, il faut savoir respecter ses interlocuteurs ou ses adversaires. Par deux fois, ces derniers temps, il a eu deux déclarations sujettes à polémiques.
La première à propos de l’accident de Perpignan lors d’une démonstration de l’armée. Certes, sa colère était légitime devant cet évènement qui aurait pu être beaucoup plus dramatique. Mais la façon dont il l’a exprimé (sur l’incompétence et l’amateurisme du commandement) pouvait laisser supposer qu’elle s’adressait à l’ensemble de l’armée alors que nos troupes font un travail exemplaire à travers le monde au nom de la France.
La seconde a eu lieu ce week-end au Conseil National de l’UMP sur l’Europe sur le fait que « désormais, lorsqu’il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ». Propos de meeting, propos d’estrade, que j’estime malvenus.
Certes, la France, réputée à l’étranger pour être toujours en grève, change. J’ai apprécié la loi sur le service minimum. J’apprécie l’obligation d’accueillir les enfants lors des grèves du monde enseignant. J’ai constaté comme tout le monde l’évolution dans le bon sens du dialogue social. Faut-il pour autant y ajouter des propos qui peuvent être considérés comme humiliants envers les partenaires sociaux, je ne crois pas. Autre résultat négatif, les médias se sont plus attachés à parler de cette "petite phrase" qu’au vibrant plaidoyer qu’il a fait sur l’Europe.
Dans les deux cas, il a fallu que son entourage s’évertue à expliquer que ce n’est pas ainsi qu’il fallait le comprendre. Alors pour éviter toute ambiguïté, autant s’abstenir. Nicolas Sarkozy sait faire des discours dignes d’un chef de l’Etat comme celui, remarquable, en Israël à la Knesset.
Quand il s’affranchira de certaines petites déclarations inutiles qui jalonnent son mandat depuis son élection, il endossera pleinement une partie essentielle de sa fonction, celle de rassembleur de la Nation.